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mardi 27 mai 2014

DICTONS ET PROVERBES : LES TRESORS DE SAGESSE DES ANCIENS


Les marins, comme les paysans, ont toujours eu une étroite relation avec la nature dont leurs activités dépendent. De surcroit les marins avaient un intérêt particulier à bien anticiper les phénomènes météo : en cas de mauvais temps en mer c'est leur vie qu'ils risquaient !

Gabiers serrant les voiles par gros temps

C'est pourquoi, au fil des siècles, à force d'observations, ils ont établis des dictons ou proverbes, transmis de générations en générations, et qui leurs apportaient une aide précieuse dans leur navigation.

Certes, ces dictons ne sont pas d'une fiabilité absolue, la nature peut parfois réserver des surprises. Cependant il faut reconnaître que, bien avant les bulletins météos, les anciens savaient souvent prédire le temps.

Voici quelques dictons marins (avec leur explication) , dont l'observation a dû aider plus d'un capitaine.


   -   "Quand suroît le doux se fâche, souvent il devient fou" :

           Souvent, à l'approche d'une perturbation, le vent s'oriente au sud, puis passe au sud-ouest en fraîchissant. Le "doux" suroît fait allusion aux températures douces véhiculées par le vent de sud-ouest d'origine océanique.

Avis de tempête de Sud-Ouest

  -    " Cirrus du matin vent du soir, cirrus du soir vent du matin" :

           Quand les nuages annonceurs d'une perturbations apparaissent (cirrus) , il faut compter une dizaine d'heure avant l'arrivée de la zone active, et donc du vent.

Cirrus


-    "Cernes à la lune n'abattent jamais mât de hune, car le capitaine les voyant attend gros   temps"

-    "Soleil cerclé, Dans les 24 heures toile à rentrer"

-    "Couronnes doublées autour du soleil, tempête prochaine"

 Ces trois dictons ont été établis suite à la longue observation des cirrostratus. Ces nuages se forment entre 5 et 6 km d'altitude. Ils apparaissent souvent à l'avant d'un front chaud. Ils forment un halo autour du soleil ou de la lune.

Cirrostratus

 Les anciens avaient observé que l'apparition du cercle autour de la lune ou du soleil était synonyme de pluie et aussi de mauvais temps.


-    "Quand le bord des nuages frangera, Grand frais de vent donnera"

Ce dicton résulte de l'observation des Cumulonimbus. En effet les anciens avaient noté que le vent se renforçait très nettement à leur passage.

 Cumulonimbus

Mais l'observation des marins ne s'arrêtait pas aux nuages. Le comportement de certains animaux leur donnait également de sérieux indices quant à l'évolution du temps.

-    "Bandes d'oiseaux de mer se réfugiant à terre, Tempête va venir de forte manière"

 Mouettes à l'abri dans les champs.

Il existe ainsi de très nombreux dictons qui montrent que les anciens savaient tirer partie des signes de la nature pour anticiper les conditions météorologiques.

Il faut bien sûr garder à l'esprit que la plupart des dictons résultent d'une observation générale, et que de plus ils ne sont valables que pour les régions soumises aux mêmes conditions climatiques.

Comme je l'avais fait pour la page consacrée aux Chasse-marée , je vais illustrer cet article avec une chanson de Jean François Battez, auteur compositeur interprète picard, dont l'œuvre parle si bien de la mer.

Cette chanson s'intitule "Au gré des vents" elle est issue de l'album "De Flandre en Normandie" de 2006. Elle rend hommage aux proverbes et dictons des marins qui ont pendant des siècles "bravé les vents méchants avec tous leurs adages".

Vous pouvez commander cet album et plusieurs autres sur le site internet de l'artiste :  http://www.lalalala.fr .





Paroles de la chanson "Au gré des vents"


Loin de l'école c'est sur les bancs de sable

Qu'ils ont appris à lire, à lire dans les étoiles

Par l'astre qui scintille pouvoir prédire le temps

Aux secrets de la lune, les sautes des sept vents


Car si tempête à terre peut vous faucher les blés

Elle moissonne à la mer les âmes des naufragés

Bien heureux les marins eux qui savaient les présages

Proverbes des anciens, ils fêtaient leurs vieux âges


Au gré des vents pour naviguer les dictons leur parlaient

Par eux ils savaient s'il fallait affaler ou hisser

Sache le suroît le plus doux quand il se fâche est le plus fou

Et gare aux toiles mal étranglées, faut monter les serrer


C'était une heure dans les gréements pour le meilleur des gabiers

Retenu par la peau du ventre sous le fouet du vent mauvais

Saute au noroît fallait le savoir, toujours paré à virer

Pour pas mettre les femmes en voile noir les leurs fallait soigner


Hé ! calier dans ta cale, hirsute et famélique

Sorcier couvert de gale seigneur de tes barriques

Attrape-nous donc un rat et dis-nous dans ses tripes

Si le grand mât tiendra, jusqu'aux ports d'Amérique


Siffler au vent garçon n'est pas superstition

Ni fable des démons, des anciens des galions

Dis-toi que rien ne vaut pour éloigner le feu de Saint-Elme et la Mort

Qu'un gros morceau de corail rouge et un vieux chat à bord


Ainsi jadis pendant des siècles ont navigué les hommes

Pour le courage quelques chansons dans le corps un verre de rhum

Ils ont bravé les vents méchants avec tous leurs adages

Ces vrais trésors des océans, richesses des vieux loups sages


Même si crasseuse révolution on fait route au moteur

Par nos tirades et par tradition, chantons encore en coeur

C'est être fou qu'être marin aimer la houle et les embruns

Du moussaillon au capitaine, faut du sang dans les veines.


(Paroles et musiques : Jean-François Battez   Album : De Flandre en Normandie 2006
Line Up : Jean-François Battez - Guitare et Chant, Alain Hiot - Arrangements, Guitares, Basse, Percussions, Claviers, David Dubois - Accordéon, José D'azevedo Neves - Basse, Bertrand Boulogne - Batterie.)


Après cette belle chanson, et pour conclure cet article dans la bonne humeur, je vais mentionner ici quelques proverbes et citations empreints d'humour, qui n'ont pas pour vocation d'aider à la navigation, mais simplement de faire rire dans les bars ou sur les pontons.

 
-      "Quand un cachalot vient de tribord, il est prioritaire. Quand il vient de bâbord aussi" Olivier de Kersauson

-       "A bord, tout ce qui bouge, on le salue, tout ce qui ne bouge pas, on le peint !"   Fréquemment entendu dans la Marine Nationale

-       "Je me suis engagé dans la marine le jour où mon père m'a appris que j'étais sur terre pour travailler."     Pierre Doris


-        "Le port de plaisance est un lieu conçu pour que les navigateurs qui ne prennent pas la mer puissent rencontrer des vacanciers qui n'ont pas de bateau."     Philippe Bouvard


-        "La mer est salée parce qu'il y a des morues dedans. Et si elle ne déborde pas, c'est parce que la Providence, dans sa sagesse, a placé aussi des éponges."   Alphonse Allais

-         "Le mal de mer : au début, t'as peur de mourir, à la fin, t'as peur de ne pas mourir." Bernard Moitessier

-         "Mieux vaut flotter sans grâce que couler en beauté."   Bernard Moitessier


Et enfin quelques citations tirées de Almanach du Marin Breton :



-       "Méfie toi d'une poulie qui crie et d'une femme qui se tait. Toutes deux préparent un mauvais coup."

-        "En mer, le plus grand danger, c'est la terre."

-         "A vieille carte, nouvelle épave."

-          "Pingouin dans les champs, hiver méchant."

-           "Quand les mouettes ont pied, il est temps de virer."

-           "Qui trop écoute la météo, passe sa vie au bistro."

-           "Position estimée: endroit sur la carte où vous êtes sûr de ne pas être."


Article  publié par Yves             Photos  Internet

jeudi 22 mai 2014

PHAEOCYSTIS GLOBOSA : UNE ALGUE SOUS SURVEILLANCE


Comme tous les ans au printemps, le littoral a vu l'arrivée de la "mousse".

Apparaissant en plus ou moins grande quantité selon les années, ce phénomène résulte de la floraison d'une micro algue marine appelée Phaeocystis globosa.


Il s'agit à l'origine d'un phénomène naturel, mais qui a été considérablement amplifié depuis les années 1970 par les activités humaines. En cause les rejets emportés par les rivières qui provoquent des apports massifs en sels nutritifs.


Les sels nutritifs (ou nutriments) sont indispensables au développement des végétaux, dont le phytoplancton marin.

Mais le long des côtes, les fleuves pollués en déversent une grande quantité en mer, ce qui modifie la concentration et les proportions naturelles, provoquant la prolifération de certains algues, dont Phaeocystis globosa.

En ce qui concerne notre littoral, ce sont les rejets de la Somme, de l'Authie et de la Canche qui contribuent le plus à cette prolifération. Différents réseaux ont été mis en place pour surveiller ces rejets.


On parle de "bloom" pour désigner la prolifération massive de micro algues à la surface de la mer.

Les "blooms" de Phaeocystis globosa sont favorisés par le brassage des eaux lors des coups de vent ou tempêtes.


En général la mousse finit par disparaître au bout de quelques jours, laissant sur la plage un résidu vert très odorant qui sera rapidement dissout par la mer.


Selon les années l'épaisseur de la mousse peut atteindre 1 mètre ou plus. Cette année l'épaisseur était moyenne.


Vagues de mousse à l'assaut de la côte ...



Certains endroits de la côte favorisent l'accumulation de la mousse ...


Les promeneurs se voient privés d'une partie de la plage, car marcher dans la mousse peut réserver de mauvaises surprise ; trous d'eau, obstacles divers .. et dans tous les cas auréoles sur les vêtements et chaussures !


Hormis ces désagréments la mousse n'est pas dangereuse pour l'homme, à part pour les plus sensibles qui peuvent ressentir un petit picotement, dû au dépôt résiduel qui en séchant peut tendre un peu la peau.

L'IFREMER de Boulogne sur mer procède régulièrement à des analyses de ces algues pour éviter tout risque sanitaire.


Plage et rochers, tout est recouvert par la mousse !


Si elle rencontre un obstacle (digue ou rochers) , la mousse s'accumule et augmente en hauteur ...


Une vague de mousse va déferler sur la plage ...


L'instant d'après tout est recouvert d'un épais manteau crémeux.





Depuis quelques années la mousse peut apparaître à d'autres moments de l'année.

En témoignent ces clichés que j'ai réalisés au cœur de l'hiver, en janvier 2012.


Par grandes marées la présence de mousse rend impossible le passage dans les rochers, masqués à la vue et rendus très glissants.








Comme celle qui apparaît au printemps, cette "mousse d'hiver" n'est restée que quelques jours.



Article publié par Yves             Photos  © Yves

dimanche 4 mai 2014

BALADE A EQUIHEN : LA CREVASSE ==> NINGLES


Equihen Plage a le privilège de posséder une côte sablonneuse au sud et une côte de falaises au nord. C'est cette dernière que je vous propose de (re)découvrir aujourd'hui.

Nous allons prendre le départ de la Crevasse pour nous diriger vers Ningles.


Après le parking, à droite du grand escalier qui descend à la plage, le chemin commence le long de la falaise.


Dès le départ ce panneau rappelle les consignes aux promeneurs ... et met en garde sur la dangerosité du site. Respectez scrupuleusement les indications et surveillez étroitement les enfants afin qu'ils ne s'approchent pas du bord de la falaise.


Quelques mètres plus loin, cette vue de la falaise qui s'effondre montre que la mise en garde est tout à fait pertinente.

 
A cet endroit le danger n'est pas uniquement en haut de la falaise, mais aussi en bas, au niveau de la crique de la Crevasse, très fréquentée en été et où de gros blocs se sont récemment effondrés. 


En cette saison la nature offre de belles couleurs !


Une passerelle en bois vous aidera à franchir un petit ruisseau qui descend des champs.


Vers l'Est de magnifiques chevaux profitent des près bien verts ...


tandis que vers l'Ouest une côte sauvage s'étend à perte de vue ...


Le colza en fleur illumine la paysage.


En vous retournant vous pourrez voir l'alignement des maisons sur la falaise d'Equihen et aussi toute la côte d'Hardelot jusqu'à Berck, en passant par Le Touquet.


Un peu plus loin les "tranchées" visibles dans l'herbe nous rappelle qu'il n'y a pas si longtemps un terrain de moto - cross prenait place dans ce lieu majestueux .


A partir de là le chemin offre une superbe vue sur le cap d'Alprech et son phare.


A flanc de falaise, les vestiges d'une ancienne construction maçonnée semblent en équilibre dans le vide.


Le chemin offre de très beaux panoramas sur la côte sauvage.


Mais restons vigilants ... A certains endroits la falaise s'effondre et le chemin est très étroit.


Nous voici arrivés au dessus de la plage de Ningles.


Ningles est la limite sud d'un terrain du Conservatoire du Littoral qui va va jusqu'au phare d'Alprech et sa batterie.

En regardant autour de vous essayez d'imaginer le petit hameau de Ningles à la fin du 19eme siécle.

 
En voyant les restes des murets on peine à se représenter les maisons qui composaient le hameau.
 



De nos jours la petite crique tranquille n'est pas trop fréquentée. L'été, les nombreux rochers qui la bordent ne facilitent pas la baignade


A une époque plus ancienne il y avait également deux moulins à Ningles, le moulin du haut et le moulin du bas.


Voici une partie des ruines du moulin du haut.


A l'époque le ruisseau coulait entre ces murs pour faire tourner la roue.


Voici un dessin de l'ancien moulin du haut par Vaillant, dans le courant du 18eme siécle.


Aujourd'hui le ruisseau coule paisiblement en contre bas ...


et passe sous une passerelle en bois ...


avant d'aller rejoindre la mer.


En descendant sur la plage on peut observer les ruines de l'ancien moulin du bas.


Ce dessin de Vaillant montre le moulin du bas en 1877.


La crique de Ningles déserte en cette fin d'après midi de mai.

Pour repartir plusieurs options sont possibles : 

-  Reprendre le même chemin qu'à l'aller en haut de la falaise

-  Revenir par les champs en remontant sur le plateau ( voir photos option retour 1 )

-  Si la marée le permet on peut revenir par la plage (selon les coefficients il faudra prévoir de passer dans les rochers rendus très glissants par la vase ou les algues ... voir photos option retour 2) ATTENTION : Veuillez consulter les horaires des marées afin de ne pas vous faire surprendre par la mer !

-  Prendre l'ancien chemin des mouliers qui longe le bas de la falaise (le départ se situe un peu au sud de Ningles, ce chemin est dangereux en raison des éboulements ou des chutes de pierre)


Option retour 1 par les champs (Chemin de Ningles et Chemin du Nocquet) :


Après la passerelle en bois, remontez un peu puis, au lieu de continuer vers Alprech, tournez à droite pour prendre un chemin qui monte en pente douce vers la route de Ningles.


Du haut des escaliers la vue est superbe sur les champs et la mer.


Sur la route de Ningles on passe à coté d'un club d'aéro-modélisme.


Un peu avant d'arriver aux grands bâtiments des grosses pierres signalent la présence d'un embranchement. A cet endoit il faut tourner à droite pour repartir vers Equihen.


Le chemin traverse les champs et offre de superbes vues.



A cet endroit le chemin se réduit. Il faut prendre à gauche le sentier qui longe la propriété privée.


Vers la droite au loin la mer scintille au soleil.

Arrivé à ce croisement c'est tout droit , en empruntant une ancienne route allemande de la dernière guerre.

Tiens un mammouth ! ( voir  l'article :    EXCLUSIVITE ! UN MAMMOUTH A EQUIHEN ! )


Le village est tout proche, il ne reste plus qu'à passer la ferme et à revenir jusqu'à la Crevasse.


Option retour 2 par la plage :

ATTENTION : Veuillez consulter les horaires des marées afin de ne pas vous faire surprendre par la mer !


Quand la marée le permet le retour par la plage offre de beaux points de vue sur les falaises. Ici la côte vers le nord avec le cap d'Alprech et son phare.


Des cueilleurs de moules profitent de la marée basse.


Vers le sud Equihen apparaît après les rochers.


Les moules qui ont fait jadis la réputation d'Equihen sont devenues rares sur les rochers.


Le retour par la plage se termine au pied de l'escalier de la Crevasse.
 
 
Article publié par Yves       Photos © Yves